Traité de la Circulation et du Crédit. Contenant une ‘Analyse raisonnée des Fonds d’Angleterre’, & de ce qu’on appelle Commerce ou Jeu d’Actions; un Examen critique de plusieurs Traités sur les Impôts, les Finances, l’Agriculture, la Population, le Commerce &c. précédé de l’Extrait, d’un Ouvrage intitulé ‘Bilan général & raisonné de l’Angleterre depuis 1600 jusqu’en 1761’; & Suivi d’une ‘Lettre sur la Jalousie du Commerce’, où l’on prouve que l’intérêt des Puissances commerçantes ne se croise point, &c. avec un Tableau de ce qu’on appelle ‘Commerce’, ou plutôt ‘Jeu d’Actions’, en Hollande. Par l’auteur de l’Essai sur le Luxe, & de la Lettre sur le Jeu des Cartes, qu’on a ajoutés à la fin.

Edition originale de ce traité fondamental, dans lequel Isaac de Pinto (1717-1787), banquier, philosophe et homme d’affaires d’origine juive portugaise, développe une conception novatrice du crédit et de la circulation monétaire. À rebours de la méfiance que suscitait alors le crédit, il en souligne le rôle stabilisateur et dynamisant dans les économies modernes. Par son approche empirique et sa défense raisonnée des institutions financières (banques, dettes publiques, marchés boursiers), Pinto s’oppose à la fois au système de Law et aux vues trop rigides des physiocrates. Il y défend notamment l’idée que le crédit n’est pas une illusion périlleuse, mais une force décisive du développement économique, capable d’assurer la prospérité d’un Etat pourvu qu’il soit rigoureusement encadré. Le ‘Traité de la circulation et du crédit’ annonce plusieurs principes essentiels de la pensée économique moderne : la circulation comme vecteur de richesse, la confiance comme fondement des institutions financières, le rôle de la dette publique dans la croissance et la fonction structurante des places financières. Sa vision, cosmopolite et pragmatique, résonne fortement dans un siècle qui voit l’essor du capitalisme commercial, le début de l’endettement des Etats modernes, et les premières spéculations sur les crises systémiques. Loué à l’époque par Voltaire, d’Alembert ou Raynal, Pinto fut l’un des rares auteurs à conjuguer une connaissance intime des mécanismes bancaires avec une réflexion philosophique et politique sur l’économie. Un jalon essentiel entre la pensée mercantiliste du XVIIe siècle et les théories classiques de Smith et Ricardo. (Einaudi, 4447. Goldsmiths 10791. Higgs, 5282. Kress, 6811. Szajkowski, ‘Franco-Judaica’, 868). Quelques traces de restauration à la reliure. Bel exemplaire, frais, bien conservé dans sa reliure de l’époque.