1- LA METTRIE (Julien Offray de). L’Ecole de la Volupté. A Cologne, chez Pierre Marteau à la vérité, 1747. (1) f de titre, 130 p., titre gravé et illustré dans un décor d’encadrement rocaille. 2- MOET (Jean-Pierre). Code de Cythère, Ou Lit de Justice d’Amour. Erotopolis, Chez le Dieu Harpocrates, à l’Enseigne de la Nuit, 7746 [i.e. Paris, 1746]. (2) f. (faux-titre, titre), (4), lx, 81 p., (1) f. blanc.

1- Edition originale de premier tirage selon Stoddard. Véritable credo sensualiste et matérialiste, “L’École de la Volupté” est une œuvre à la fois philosophique et libertine, l’une des productions les plus subversives des “Lumières radicales” qui justifie l’appréciation de Sade sur La Mettrie: “Le célèbre La Mettrie avait raison quand il disait qu’il fallait se vautrer dans l’ordure comme des porcs et qu’on devait trouver, comme eux, du plaisir dans les derniers degrés de la corruption” (marquis de Sade, ‘Histoire de Juliette’, IX, p. 115). L’auteur y développe une éthique du plaisir et du bonheur individuel, un “art de jouir” affranchi de toute morale religieuse ou sociale. Il critique les principaux systèmes “libertins” de son temps et se livre à une étude de la notion de “volupté”, ses causes et ses effets, illustrée d’exemples “pratiques”, en s’affirmant ennemi de toute affectation en la matière. Il conclut ainsi: “Tous les appétits, toutes les passions, tous les sens, tant internes qu’externes & en un mot tous les mouvemens de notre machine conduisent à la l’amour & de l’amour à la volupté (…). Le plaisir est le plus bel apanage de l’homme. Qui s’y refuse, viole les premières loix de son origine, & l’intention du Créateur”. (Stoddard, ‘La Mettrie, Bibliographical Inventory’, n°22). Seulement 6 exemplaires de cette édition sont dénombrés par WorldCat dans le monde. Une édition qui semble être une contrefaçon de mauvaise qualité, à la date de 1746, est conservée à la BnF: c’est l’unique exemplaire à cette date recensé dans le monde. 2- Edition originale. Sous forme d’un texte législatif en 41 articles, organisation institutionnelle utopique de la prostitution. Le code prévoit avec minutie la répartition des établissements de prostitution et, en leur sein, des courtisanes par classe et par ordre, l’accompagnement social (santé, prise en charge des enfants…), la police, les normes vestimentaires et comportements au sein des établissements, l’environnement culturel (lectures), etc. Des “billets de jouissance” pourront être obtenus par le public auprès de bureaux spécialisés. Statistiques et budget détaillés en annexe (“Bordereau de dépense et recette”, p.76-81). Publié anonymement, l’ouvrage est attribué à Jean-Pierre Moet (1721-1806), ministre d’État et secrétaire du comte de Saint-Florentin. Polyglotte, se revendiquant encyclopédiste, il s’adonna aux sciences occultes et traduisit Swedenborg. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages féministes, mais aussi à l’origine de sociétés “paramaçonniques” accusées de débauche, en tête desquelles figure “l’Ordre de la Félicité” société dans laquelle s’inscrit ce projet (cf. A. Dinaux, ‘Les sociétés badines, bachiques…’,I, p. 304 sq. et J.-L. Quoy-Bodin, “Autour de deux sociétés secrètes libertines sous Louis XV: l’Ordre de la Félicité et l’Ordre Hermaphrodite”, ‘Revue Historique’, juil.-sept. 1986, t. 276, fasc. 1, p. 57-84). Bel exemplaire, frais, très bien relié à l’époque.