CICERON (Marcus Tullius Cicero)

De officiis

Manuscrit sur parchemin en latin, Italie (Florence), milieu du XVe siècle.

In-folio (235 x 165 mm), plat supérieur conservé, maroquin noir estampé d'époque revêtu d'encadrements délimités de filets gras avec une large bande composée d'entrelacs, réservant un cartouche central à entrelacs et des coins du même motif, restes de fermoirs retenus par trois petits rivets étoilés d'époque disposés en triangle, (86) feuillets sur parchemin, 10 quinions (A2-8, E7, K5-10 manquants), 27-28 longues lignes à l'encre carbone, minuscule humaniste, une main, réglures à la pointe sèche, réclames, 3 initiales dorées à antennes et bandeau armorié entouré d'une couronne de laurier ("De verde, alla banda d'azzurro, caricata di due stelle a otto punte d'oro poste in mezzo a due crescenti affrontati d'argento") à décor de vignes blanches sur fond rouge et vert, bordées de bleu et prolongées de filigranes chargés de trois besants dorés, initiales bleues et rouges alternées, rubriques marginales, manicules.

Superbe témoin de la production manuscrite de la Florence de la Renaissance au milieu du XVe siècle. Ces manuscrits, en particulier ceux produits en Toscane, ont été activement collectionnés par les érudits et bibliophiles dès leur apparition. Cette période constitue un moment charnière de l’histoire du livre : Florence, berceau de la Renaissance italienne, y joue un rôle central dans la redécouverte des textes antiques. Les humanistes s’attelaient avec passion à restituer les textes antiques dans leur forme la plus authentique, en recherchant les manuscrits anciens conservés dans les bibliothèques monastiques et capitulaires. Notre manuscrit incarne pleinement cet esprit nouveau, avec ses somptueuses enluminures de vignes blanches et son élégante minuscule humaniste, deux innovations majeures introduites et développées à Florence quelques décennies auparavant. Les ‘Bianchi girari’ ou vignes blanches, inspirées de initiales peintes de la période carolingienne, sont typiques de la production florentine du XVe siècle. Ce style a été introduit dès le début de ce siècle avec l’introduction d’une l’écriture inspirée de la minuscule caroline par Pétrarque puis développée à Florence par les humanistes et bibliophiles Niccolò Niccoli (1364-1437) et Poggio Bracciolini (1380-1459), tous deux alors membres du cercle du chancelier de Florence Coluccio Salutati. Fatigués par la complexité de l’écriture gothique, ils s’inspirèrent de l’écriture carolingienne qu’ils considéraient supérieure : ‘vetustioris litterae majestas’, pour développer la minuscule humaniste ou ‘littera antiqua renovata’. TEXTE (f.1r) Rubr. : « Marci Tulii Ciceronis liber primus de Officus incipit ». Incipit : « Quam que te marce fili annum iam audientem Cratipium ». (f. 86v) Explicit : « […] hic eaquae videbatur utilitas plus valuit quam honestas. Apud super » De Officiis (Des Devoirs), écrit par Cicéron en 44 av. J.-C., est un traité philosophique en trois livres, adressé à son fils Marcus. Inspiré notamment des Stoïciens, Cicéron y expose une éthique de la vie publique et privée pour former l’idéal du citoyen romain. La tradition du texte semble nous diriger vers la famille avec quelques variantes. Le manuscrit a été écrit d’une seule main dans une minuscule humaniste singulière avec des tildes bouclés. (M. Winterbottom (éd.), M. Tulli Ciceronis De Officiis, Oxford Classical Texts (OCT), Oxford University Press, 1994.) RELIURE Ce manuscrit se distingue également par sa reliure, typiquement florentine, ornée d’un décor à petits fers à froid dont la composition évoque des motifs d’inspiration moyen-orientale. Les entrelacs sont constitués de petits fers en forme de « s » ou de crochets, parfois perlés ou hachurés, agencés en de nombreuses combinaisons à formes géométriques variées (Macchi – Macchi, Dizionario illustrato della legatura, p. 38). La Bibliothèque Vaticane conserve plusieurs manuscrits florentins présentant un décor similaire, notamment le Vat. lat. 3005, l’Urb. lat. 203 et l’Urb. lat. 427. Il est par ailleurs intéressant de noter l’absence de dorure dans le décor de cette reliure, l’introduction de motifs dorés dans les reliures florentines ne commençant qu’à partir de la seconde moitié du XVe siècle. Cette caractéristique tend ainsi à confirmer la datation du manuscrit vers le milieu du XVe siècle. PROVENANCE Armes attribuables à la famille Romoli, l’une des plus célèbres et actives familles de tailleurs de pierre florentins entre la fin du XIVe et la première moitié du XVe siècle. L’inventaire des biens, daté de 1474, du second fils d’Andrea di Nostri di Romolo, nommé Romolo, mentionne plusieurs manuscrits de Cicéron. Romolo fut officier de l’Université de Florence, consul de l’Arte dei Maestri di Pietra e di Legname et batteur d’or. (Voir la thèse de Fioravanti, Caterina, ‘Il magistero della pietra: Giuliano fiorentino, « imaginero » nel Mediterraneo occidentale del primo Quattrocento’, 2019, p.91-93.) Ex-libris manuscrit au contreplat « Madame Je Hus(?) » et armes dessinées à l’encre avec une partie des meubles difficiles à discerner. Incomplet de la fin du troisième livre et des feuillets A2-8, E7. Premier cahier débroché. Quelques auréoles. Précieux manuscrit de la Renaissance florentine, rarement conservé en main privée.

Disponible à la précommande. Les frais de livraison seront calculés dans les jours prochains et un nouveau devis vous sera proposé par nos soins avant passage de la commande et paiement.

35.000

Ref 39230

1 disponible à la précommande